Lors de son discours d’investiture après sa prise de pouvoir le 30 août 2023, Brice Clotaire Oligui Nguema avait annoncé tambour battant la fin des privilèges indus entre copains et coquins. Une annonce qui avait fait renaître un brin d’espoir parmi les Gabonais qui ont très mal vécu le népotisme de la famille Bongo pendant plus d’un demi-siècle de pouvoir.
Quelques mois seulement après cette annonce historique, certains membres du gouvernement de la Transition et hauts cadres de l’administration foulent aux pieds cette promesse du Président. C’est le cas de la ministre de la Communication, Laurence Ndong, qui, toute honte bue, n’a trouvé mieux que de nommer son époux, Cyrille Ndong, aux fonctions de Directeur général adjoint (DGA) de la Société du patrimoine et des infrastructures numériques (SPIN), lors du Conseil des ministres du 22 janvier dernier.
Une nomination qui avait, à la fois, surpris et provoqué l’ire des populations gabonaises. Faisant ainsi chuter de façon considérable la côte de popularité du Président Oligui Nguema pourtant pressenti pour être candidat à la prochaine élection présidentielle.
Laurence Ndong s’est fourvoyée. En prenant la responsabilité de fouler aux pieds les promesses du Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, elle a démissionné des missions et objectifs assignés à son gouvernement. Son maintien au sein de l’équipe gouvernementale pourrait être interprété comme un aveu de faiblesse du Président de la Transition dont certains observateurs avisés commencent à reprocher d’avoir du mal à tenir bon nombre de ses promesses et d’avoir vendu des « chimères » aux populations au lendemain de son coup de libération.
Dans la même foulée de la nomination de Cyrille Ndong, les Gabonais avaient appris, à la surprise générale, la désignation de Marie Madeleine Mborantsuo comme Présidente honoraire de la Cour Constitutionnelle, conformément aux dispositions de sa loi organique, en son article 15-b nouveau (modifiée en 2018), de la loi n°004/2018/ du 29/7/2018 de l’ordonnance n°00005/PR/2018 du 26 janvier 2018 modifiant et complétant la loi organique n°9/91/ du 26 septembre du 1991 de la même Cour. Une reconnaissance qui avait créé un tollé auprès des populations qui estiment que, pour avoir œuvré au maintien de la famille Bongo au pouvoir, l’ancienne Présidente ne mérite pas un tel honneur.
Face à la pression, les membres de la Cour se sont prononcés dans un communiqué lu ce 1er février 2024. Dans une déclaration inaudible pour la majorité des Gabonais lue dans la chaîne de télévision publique Gabon24, les juges ont tenté de se dédouaner en soulignant des « vices de procédure, de forme et de fond » sur le processus ayant « conféré l’honorariat à Marie Madeleine Mborantsuo et à Louise Angue, en qualité respectivement de présidente honoraire de la Cour Constitutionnelle et de Juge Honoraire de la Haute Juridiction ».
Par ailleurs, les sages de la Cour ont déclaré que « le délibéré querellé ne figure nullement au rang des minutes du greffe de la Haute Juridiction » et que par conséquent, la délibération relative à la nomination de Marie Madeleine Mborantsuo en qualité de présidente honoraire de la Cour est « nulle et non avenue ». Plus qu’autre chose, ce rétropédalage spectaculaire est une victoire à mettre à l’actif du peuple Gabonais qui est résolument décidé de ne plus se laisser distraire.
Ceci fait, la démission proprement dite de la ministre Laurence Ndong du gouvernement, quant à elle, est une suite logique. Elle devrait intervenir dans les prochaines heures. Sauf si cette dernière bénéficie d’un statut particulier qui la place à l’abri d’une quelconque sanction même à la suite d’une faute aussi grave qui a, sans conteste et de façon considérable, rouillé la relation de confiance entre le Président de la Transition et le peuple gabonais. À moins que les promesses de ce dernier ne soient que de la poudre de perlimpinpin.